30-07-2025
«Il résiste», confient les parents de Christophe Gleizes, journaliste français emprisonné en Algérie
Christophe Gleizes a été condamné à sept ans de prison ferme pour «apologie du terrorisme». Ses parents ont affirmé à France Inter que les nouvelles sont «satisfaisantes» et espèrent pouvoir lui rendre visite en août.
«Il résiste donc nous, en tant que parents, on le suit dans ce combat et on essaye d'être à la hauteur de Christophe.» Sylvie et Francis Godard, respectivement mère et beau-père du journaliste sportif Christophe Gleizes, emprisonné en Algérie depuis un mois, ont donné au micro de France Inter ce mercredi des nouvelles de leur fils.
Le journaliste de 27 ans avait été arrêté le 30 mai 2024 et placé sous contrôle judiciaire, avant d'être condamné le 27 juin 2025 à sept ans de prison ferme pour «apologie du terrorisme» et «possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national». La justice algérienne l'accuse par ailleurs d'être entré sur le territoire avec un simple visa de touriste pour y accomplir un travail de journaliste, violant ainsi la loi. Ses proches et son avocat avaient affirmé vouloir faire appel.
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« Les dernières nouvelles sont satisfaisantes», a ainsi assuré Sylvie Godard, qui s'appuie sur des informations de l'avocat algérien de son fils. «Il lit Stendhal et Victor Hugo. Il a le droit d'emprunter trois livres par semaine. Je sais qu'il résiste. » Christophe Gleizes partage une cellule de 10 mètres carrés avec un codétenu. Sylvie Godard a également condamné «l'amalgame» fait entre l'arrestation de son fils et le cas de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien incarcéré dans les geôles algériennes depuis plus de huit mois. «S'il n'y avait pas eu l'affaire Boualem Sansal, je crois qu'il aurait été moins condamné», a déploré la mère du prisonnier.
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Le couple a d'ailleurs affirmé attendre de la diplomatie française «qu'elle ne mette pas d'huile sur le feu, car c'est dans l'apaisement de nos relations diplomatiques avec l'Algérie qu'on pourra trouver une issue, et certainement pas dans un affrontement», a ainsi précisé Francis Godard. «Gardons toujours espoir dans l'idée que nos gouvernements respectifs arriveront à trouver les voix du dialogue.»
Proximité avec l'affaire Sansal
La mère et le beau-père de Christophe Gleizes envisagent de se rendre très prochainement en Algérie. «Nous allons déposer une demande de visa», a ainsi avancé Sylvie Godard, qui espère pouvoir lui «rendre visite courant août.» Le couple souhaite également un procès en appel voire, mieux, une grâce. «J'ai rédigé une lettre de grâce pour le président Tebboune. Je fais appel à sa mansuétude pour libérer Christophe au plus vite», s'est ainsi prise à espérer Sylvie. Avant de conclure : «Zinédine Zidane [ex-footballeur international de nationalité algérienne, NDLR] est un monument, une légende pour Christophe. Peut-être qu'un petit mot de soutien serait important pour lui...» Selon Reporters sans frontières, qui accompagne ce journaliste, seul Français parmi les 573 journalistes détenus dans le monde, son procès en appel pourrait avoir lieu à l'automne.
Crise diplomatique aigüe
La justice algérienne reproche à Christophe Gleizes d'avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse Sportive de Kabylie, par ailleurs responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, classé organisation terroriste par les autorités algériennes. La condamnation est intervenue dans un contexte de crise diplomatique aiguë entre l'Algérie et la France, avec des expulsions de diplomates de part et d'autre et l'arrestation mi-novembre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en Algérie pour «atteinte à l'unité nationale».
Cette affaire n'a été rendue publique que le jour de sa condamnation : le quai d'Orsay et l'ambassade avaient auparavant vivement déconseillé aux proches du journaliste une médiatisation de son cas. En cause, la crise entre Paris et Alger, mais aussi la sécurité de Christophe Gleizes, placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire national algérien.